RésumésRésumés colloque Syrie année 026-27 mai
Sarah Alhamed, politiste, doctorante EHESS/CéSor - La mobilisation de familles de victimes de disparition forcée à l’aune de la chute du régime d’Assad : émergence et reconfiguration d’une cause Dans un contexte où la pacification de la société syrienne apparaît comme une urgence, après quatorze années de violences, quelle place occupent les mobilisations des familles de victimes de disparitions forcées, qui revendiquent avant tout justice ? Cette intervention reviendra sur l’ampleur de la pratique des disparitions forcées en Syrie. Elle s’intéressera ensuite à l’émergence, depuis l’exil, d’un mouvement porté par les familles des disparus, à ses évolutions depuis la chute du régime d’Assad en décembre 2024, ainsi qu’aux reconfigurations de ces mobilisations dans un contexte marqué par la mise en débat des processus d’institutionnalisation de la justice transitionnelle. --- Khair Alhareth, Maître de conférences, Université Paris Cité, Faculté de Santé - Collaboration universitaire européo-syrienne et mobilité d’étudiants Dans cette intervention, j’aborderai trois axes principaux. Tout d’abord, je partagerai mon expérience en tant qu’enseignant-chercheur en France, mettant en lumière les différentes activités en relation avec les étudiants syriens durant les dix dernières années. Ensuite, j’examinerai l’état actuel de l’enseignement supérieur en Syrie et les initiatives en cours pour explorer les possibilités de collaborations avec l’espace européen. Enfin, je discuterai les opportunités et les défis associés à la question de la mobilité des étudiants syriens vers les universités en Europe. --- Jumana Al-Yasiri, curatrice et chercheuse indépendante, spécialiste de la Syrie et de la scène artistique du Proche-Orient - Réapparitions : Réflexions sur le retour des artistes syriens et la place de la culture dans la Syrie post-Assad Dans cette intervention, j’esquisserai une réflexion sur le retour des artistes et producteurs culturels syriens dans leur pays après la chute du régime en décembre 2024. Les récits artistiques et culturels, ainsi que leurs auteurs, réintègrent peu à peu l’espace public syrien, mais cette réapparition s’accompagne de nouveaux défis liés à la mémoire et à la justice, à la compréhension même des notions d’espace public et privé, et aux libertés sous toutes leurs formes — au premier rang desquelles la liberté d’expression artistique et culturelle. Aujourd’hui, alors que l’avenir des arts et de la culture en Syrie s’écrit dans un contexte de marginalisation des institutions officielles et de montée de certaines tendances obscurantistes, il devient urgent de se demander si l’art et la culture pourront jouer un rôle dans la phase de transition et de reconstruction que traverse le pays. Ces interrogations prennent place dans un paysage où la définition même du mot « art » ne semble plus faire consensus entre ceux qui sont partis et ceux qui sont restés. --- Niemah Atassi, traductrice, Mémoire Créative de la révolution syrienne - Entre documentation et réalité : un récit contre l’oubli, une mémoire face au déni Mon intervention sera consacrée à Mémoire Créative de la révolution syrienne (https://creativememory.org/fr/). J’explorerai la façon avec laquelle les formes d’engagement associatif et culturel, ancrées dans l’expérience vécue, produisent un savoir alternatif, à la fois informatif et politique, en rupture avec les récits dominants. À travers les projets de Mémoire Créative — notamment ses publications, la chronologie interactive proposée et le travail de contextualisation — se construit une forme d’objectivité engagée, essentielle pour préserver la mémoire historique et lutter contre le déni. Dans le contexte de la Syrie post-Assad, ces initiatives soulèvent des questions cruciales : quel rôle pour les organisations indépendantes dans un moment de transition incertain ? Pourront-elles préserver leur autonomie, et leur expertise sera-t-elle reconnue ou, au contraire, marginalisée ? Quel avenir pour des voix critiques dans la Syrie de demain. Ammar Azzouz, architecte, enseignant-chercheur, University of Oxford – Dans l’attente de la reconstruction Afer being exiled for fourteen years, I have been able to return to my city Homs. During my walks in the Old City, I have found entire buildings and streets empty of their people. Many damaged but still standing buildings remain open to the outside; threatened by looting and further loss to their heritage. There are fears of further loss as some people come to the Old City to steal what they can including the basalt stones that makes the architectural style of Homs. As we wait for a reconstruction yet to come, how can we protect what remains of the Old City? And how can we avoid new waves of destruction that erase the memory of Homs? --- José Pablo Baraybar, anthropologue légiste, coordinateur médico-légal régional pour le Mexique et l’Amérique centrale au CICR - Témoins malgré eux : notes d’une ethnographie engagée de la violence Au cours de trois décennies d’engagement direct dans des affaires de disparitions et de violence étatiques et non-étatiques, j’ai pu constater que l’acte de témoigner transcende le simple témoignage juridique. Alors que les systèmes juridiques réduisent souvent les témoins à des sources de preuves, leur rôle accumulé et involontaire d’ethnographes de la tragédie révèle des vérités plus profondes. Au fil du temps, les témoins tracent des fils invisibles reliant les événements objectifs aux cicatrices affectives laissées aux familles survivantes - des victimes transformées en défenseurs acharnés de la vérité, de la justice et des réparations. Cette réflexion aborde les questions relatives à la justice rétributive et réparatrice, à l’universalité des récits de victimes ainsi qu’aux méthodologies de recherche des disparus. Structurée sans chronologie ni géographie, cette présentation est plutôt une série de notes de voyage, par un témoin engagé. --- Julie Bernath, politiste, Université de Bâle - Regards croisés : les enjeux de la justice transitionnelle, du Cambodge à la Syrie Que peuvent signifier justice, vérité, et réparations suite aux violences de masse, et dans un contexte de crise humanitaire ? Cette intervention propose un regard croisé sur les enjeux de la justice transitionnelle se posant au lendemain de transitions politiques inattendues et inachevées, au Cambodge et en Syrie, suite à des expériences de violence de masse, ainsi que d’exils et de déplacements forcés. Tout en prenant en compte les différences entre ces deux cas, cette intervention s’interrogera sur les dynamiques sociales, politiques et juridiques qui façonnent la mobilisation pour justice, vérité et réparations de la part d’acteurs de la société civile et d’associations de victimes. --- Élisabeth Claverie, anthropologue, Émérite, CNRS - Présentation des enquêtes sur les Disparitions forcées en Bosnie-Herzégovine à la suite des conflits armés des années 1990-1995 en ex-Yougoslavie Cette communication portera sur le travail des enquêteurs spécialisés diligentés par le TPIY, (Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie). Ceux-ci étaient chargés de retrouver et d’identifier les corps des personnes civiles portées disparues au lendemain des guerres yougoslaves (1991-1995), disparitions particulièrement nombreuses. La communication portera ensuite sur la traduction juridico-pénale des faits de disparitions mis au jour par ces enquêtes dont les descriptions deviendront la base des formulations de certains des actes d’accusation du tribunal, sous le chef de « disparitions forcées ». Ma communication portera ensuite sur des faits empiriques précis de disparitions, faits relatés par des témoins lors des procès de ce tribunal, source principale de mon travail. Ainsi, grâce au droit, l’expression « disparition forcée » ne renvoyait plus à des disparitions aléatoires dues au chaos de la guerre, mais bien à l’acte précis, intentionnel et systématique, de « faire disparaître les corps » et non pas seulement à tuer l’ennemi, ce qui apparaitra progressivement comme une caractéristique de l’économie spécifique de ce qu’on appellera « le nettoyage ethnique ». --- Laura Ruiz de Elvira, politiste, Ceped, IRD/ERC LIVE-AR - La question sociale, une affaire d’associations ? Si les années 2000 ont connu un essor des associations caritatives dans une Syrie en pleine libéralisation économique, l’après-2011, marqué par l’économie de guerre et l’absence de l’État sur de nombreux territoires, s’est caractérisé par le rôle essentiel joué par les associations humanitaires (ighathiyye). Aujourd’hui, un grand nombre de ces associations, ayant connu une institutionnalisation en Turquie, au Liban ou en Europe, opèrent déjà depuis Damas. Bénéficiant d’un réseau international et local et d’une expérience solide acquise au cours des dix dernières années, quel rôle sont-elles amenées à jouer aujourd’hui dans la prise en charge de la question sociale ? --- Dorothée Delacroix, anthropologue, Institut des hautes études de l’Amérique latine, Université Sorbonne Nouvelle - L’empreinte durable de l’irréconciliation. Conflits latents et accusations sourdes dans les Andes péruviennes d’après-guerre Dans les campagnes andines, épicentres du conflit armé interne péruvien (1980-2000), les rancœurs et les imputations de responsabilité sont exprimées par un langage politique détourné qui permet d’éviter les dangers potentiels d’une dénonciation explicite. Les rouages de la violence ordinaire en contexte démilitarisé et la haute conflictualité des relations sociales demeurent largement invisibilisés par les politiques de réconciliation, les programmes de réparation aux victimes et les mobilisations mémorielles locales, aux bénéfices ambivalents et contestés. Sur la base d’une ethnographie débutée 9 ans après la fin de la guerre et poursuivie pendant 10 ans dans la même zone géographique, je montrerai ce que l’enchevêtrement des rancœurs fait à l’ordinaire villageois. Pour cette présentation, je me concentrerai sur les récits de revenants et les rumeurs d’empoisonnement qui expriment un vaste réseau d’animosités et une insupportable proximité entre les protagonistes de la guerre. Ces registres discursifs participent activement de ce que je nomme les micro-politiques de l’irréconciliation. --- Rana Diab, politiste, doctorante à l’EHESS - Retour(s) à Homs : la cohabitation entre anciens voisins est-elle possible ? La chute du régime al-Assad a marqué un tournant décisif, bouleversant à jamais nos vies, nos recherches et nos ambitions pour la Syrie. Installée en France depuis fin 2016 et doctorante à l’EHESS depuis 2018, j’ai immédiatement entrepris des initiatives visant à prévenir l’escalade de la violence à Homs, ma ville natale. Cette réaction découle d’une prise de conscience des multiples niveaux de destructions qu’a subi la ville depuis 2011. En effet, Homs, ville stratégique située au cœur de la Syrie, a été le seul grand centre urbain à s’être entièrement soulevée en 2011, ce qui lui a valu une répression féroce qui l’a laissée profondément meurtrie, tant sur le plan urbain que social. C’est dans ce contexte qu’est née l’initiative « Nawat » (noyau), un projet conçu en complément d’autres actions similaires conduites notamment en Allemagne. Ensemble, ces actions poursuivent un objectif commun : instaurer une paix civile durable à Homs et, plus largement, en Syrie. Entre fin janvier et mi-février, je suis revenue à Homs, à Karm al-Zaytoun, mon quartier. J’ai été confrontée aux défis de la cohabitation entre « anciens voisins » : avant 2011 ce quartier comptait environ 100 000 habitants en grande majorité sunnite. Parmi eux vivaient environ 200 familles alaouites déplacées du Golan en 1967. Durant les premières années de la révolution, 80 % de la population de Karm al-Zaytoun a été contrainte à l’exil vers le nord de la Syrie, au Liban et d’autres lieux de refuge. Ces déplacés sunnites commencent à revenir après la chute du régime. Ils retrouvent leurs habitations souvent endommagées, voire détruites ainsi que leurs anciens voisins alaouites. C’est de ce processus de réintégration et de cohabitation qui ne fait que commencer que je souhaiterais parler. --- Mazen Ezzi, journaliste et chercheur, masterant Études politiques EHESS - Soueïda après la chute du régime : cohabitation fragilisée et pouvoir religieux en recomposition --- Léo Fourn, sociologue, Ceped/ERC LIVE-AR - De la révolution à l’université : l’engagement des exilé·es syrien·nes dans les sciences sociales en France Je souhaite mettre en lumière une conséquence singulière de la participation à la révolution syrienne et de l’exil : l’engagement dans des études et des recherches en sciences sociales sur la Syrie. J’analyserai la façon dont la politisation vécue lors de la révolution et les conditions de vie en exil conduisent des exilé·es à se réorienter vers ce domaine. En me concentrant sur le cas de la France, je mettrai également en lumière le rôle joué dans ce phénomène par des institutions et des universitaires ayant un lien avec la Syrie. Cela me permettra de réfléchir à la place des études dans la trajectoire sociale en contexte de migration. --- Davide Grasso, Docteur en philosophie morale et théorique, chercheur en sociologie générale, Université de Turin, Maître de conférence, Université de Milan-Bicocca - Le convive de pierre. L’administration démocratique du nord-est et l’État syrien (à propos et au-delà de la question kurde) L’attention médiatique qui s’est portée sur les YPJ-YPG et les Forces démocratiques syriennes (QSD) entre 2014 et 2017 a non seulement contribué à détourner l’attention des évolutions politiques de l’opposition syrienne, mais a aussi empêché une analyse équilibrée de l’une des institutions syriennes de facto apparues pendant la guerre : l’Administration démocratique autonome du nord-est (ADA). Cette dernière propose un modèle de gouvernement séculier issu de l’alliance entre différentes composantes de l’Armée syrienne libre et les YPG-YPJ. Ces institutions affirment s’inspirer d’une conception tripartite des régimes de vérité et, par conséquent, ne pas adopter une position laïque unilatérale. C’est également pour cette raison qu’ils ont réussi à impliquer au fil du temps différentes organisations non-kurdes politiques, religieuses et tribales, tandis que la majorité des partis kurdes syriens s’est opposée à ce processus. Les institutions étatiques apparues après le 8 décembre ont, pour la première fois, reconnu le rôle politique des QSD (mais pas de l’ADA) dans la construction d’une Syrie libérée des Assad. Quelles perspectives peuvent avoir les négociations entamées le 10 mars dernier ? Quels sont les acteurs susceptibles de favoriser ce processus ? Quel impact aura la décision du PKK, lors de son congrès des 6 et 7 mai, de se dissoudre et de déposer les armes ? --- Joël Hubrecht, responsable d’études et de recherches à l’Institut des études et de la recherche sur le droit et la justice (IERDJ) - Révision théorique et empirique de la justice transitionnelle à partir de l’hospitalité syrienne Cette intervention tentera de présenter les dynamiques et perspectives de la justice transitionnelle en Syrie à la lumière des textes de Yassin al-Haj Saleh et des rencontres et observations effectuées lors d’un séjour récent en Syrie. --- Rowaida Kanaan, journaliste, masterante en études de genre à l’Université Paris 8 - Rôles et acquis des femmes syriennes dans le changement politique et social pendant la phase de reconstruction de la société Ces dernières années, pendant le conflit syrien et dans son prolongement, les femmes syriennes ont connu des transformations profondes de leurs rôles politiques et sociaux. Si la guerre et la désintégration du tissu social les ont contraintes à occuper l’espace public, elles ont aussi investi cet espace pour construire de nouvelles formes d’engagement et d’action collective. Cette intervention analysera la participation des femmes syriennes dans diverses initiatives politiques et sociales, allant des comités locaux aux réseaux féministes transnationaux, visant à peser sur les processus de justice transitionnelle, de construction de la paix et de réparation du tissu social. Elle reviendra également sur les obstacles structurels à la pérennisation de ces acquis, face à la persistance des logiques patriarcales et des violences politiques et sociales, en posant la question de l’ancrage durable de cette agency féminine dans le projet de reconstruction de la société syrienne. --- Franck Mermier, anthropologue, directeur de recherche au CNRS-IRIS - Orientations du savoir en sciences sociales sur la Syrie depuis 2011 Le soulèvement de 2011 et la guerre en Syrie ont suscité une vaste littérature en sciences sociales dont le bilan reste à faire. La production de ce savoir est tributaire de nombreux facteurs propres à la conjoncture politique et internationale tels que la répression étatique et la violence extrême, les difficultés d’accès au terrain, les déplacements et l’exil forcés, l’insertion de la question syrienne dans les différentes sphères publiques arabes et mondiales. Cette intervention sera centrée sur les principales orientations thématiques et théoriques de cette production de connaissances, académiques et non-académiques, à travers deux perspectives. La première a trait à la valeur documentaire et politique de ces recherches dans le cadre de la construction de données, de mises en lumière de phénomènes et d’éclairages de faits qui entrent dans le registre de la guerre des récits, et la seconde renvoie aux ambitions théoriques de certaines recherches qui s’appuient sur le cas syrien pour nourrir des débats scientifiques plus larges, les deux perspectives pouvant se combiner. La question des dispositifs du savoir construits et mobilisés en fonction des publics et de la réception, sera aussi abordée pour esquisser quelques pistes de réflexion sur les effets de langue et de traduction mais aussi, dans le cas des chercheurs syriens, sur les conséquences de l’exil dans la production du savoir. --- Aggée Shiaka Mugabe, politiste, Centre de gestion des conflits/Université de Kigali - Réparation et réconciliation au Rwanda : attentes et mésentente Cette présentation examine le lien entre la réparation et la réconciliation au Rwanda post-génocide. Elle se focalise sur les promesses de réparation, les attentes exprimées ainsi que le dysfonctionnement des mécanismes de réparation mis en place à la suite du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994. La présentation se nourrit des matériaux collectés au moyen d’une revue documentaire, d’entretiens et de séminaires et se focalise sur les points de vue des rescapés du génocide des Tutsis. Les résultats de l’étude pointent un décalage important entre les réparations fournies et les attentes des rescapés. Les mêmes résultats mettent en exergue le caractère irréparable du génocide. Alors que le gouvernement a continuellement alloué 6 % de ses revenus internes au financement des activités de l’ancien Fond d’Assistance aux Rescapés du Génocide (FARG) en vue de venir en aide aux rescapés les plus vulnérables (essentiellement pour couvrir les besoins en éducation, accès aux soins de santé et en logement) pendant plus d’un quart de siècle, les attentes pour des mesures de réparation beaucoup plus consistantes et différentes sont encore élevées. Mais une « réparation consistante » face au crime du génocide est-elle possible ? Nous tenterons de répondre à cette interrogation en nous appuyant sur l’expérience rwandaise. De toute façon, les survivants expriment de manière répétée leurs frustrations au sujet des demandes de réparation qui sont restées infructueuses. Ces frustrations sont amplifiées par une exécution inefficace des jugements portant sur la restitution des biens pillés et/ou des propriétés endommagées pendant le génocide des Tutsis prononcés par les tribunaux Gacaca et soulignent le caractère ingérable des conséquences du génocide. --- Abdulhay Sayed, Docteur en droit, juriste indépendant, Sayed et Sayed SAS - Quelle vie constitutionnelle ? La Déclaration constitutionnelle transitoire syrienne, en concentrant les pouvoirs autour d’un chef charismatique tout en feignant une séparation des pouvoirs, a nourri un vif débat. Cette présentation interroge la réalité institutionnelle née de ce cadre, y compris des organes non prévus par le texte, comme le Conseil de la Fatwa. À partir de leur fonctionnement, elle s’intéresse aux implications pour la future constitution, encore incertaine dans ses modalités d’élaboration. La transition, censée durer cinq ans, risque-t-elle de normaliser cette concentration du pouvoir ? Quelles tensions pourraient émerger entre une légitimité démocratique fondée sur une constitution — revendication constante de la société civile — et une autorité reposant sur le pouvoir d’un chef charismatique ou sur une légitimité d’inspiration islamique ? --- Dommar Souleman, politiste, doctorant à l’EHESS - La documentation des violations des droits de l’homme dans la Syrie post-régime : l’expérience du Groupe pour la paix civile La chute du régime assadien a constitué un tournant majeur pour les organisations et institutions œuvrant à la documentation des violations des droits de l’homme en Syrie. Depuis 2011, la plupart de ces structures s’étaient consacrées à recenser les exactions perpétrées par le régime. Après le 8 décembre 2024, le paysage a été profondément bouleversé. Les blessures accumulées au fil de décennies de dictature ont commencé à resurgir avec une intensité nouvelle. Dans ce contexte, de nombreuses organisations de la société civile – récemment créées ou restructurées – ont poursuivi leurs efforts. Parmi elles, le Groupe pour la paix civile (Majmou‘a Silm Ahlî ou Civil Peace Group) joue un rôle central dans la documentation des violations commises, leur analyse et la mise en œuvre d’actions de sensibilisation. Ma communication s’articule autour de trois axes principaux. Tout d’abord, je présenterai le Groupe pour la paix civile : son origine, sa mission et sa place dans le paysage syrien post-régime. Ensuite, j’examinerai les enjeux actuels de la documentation des violations : les méthodes employées, les défis rencontrés, et les ajustements nécessaires face à une réalité sociale et politique en mutation. Enfin, à travers l’expérience du Groupe pour la paix civile, j’esquisserai une réflexion sur le rôle de la société civile dans la reconstruction démocratique de la Syrie.
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